Louis Massignon (1883-1962) fut à la fois un islamologue catholique fondateur de l’islamologie française, un mystique ardent et l’un des précurseurs du dialogue islamo-chrétien. Or, l’année 2022 a été « massignonienne » à plusieurs titres : cela fait 60 ans qu’il est mort, il soutint sa mémorable thèse consacrée au mystique soufi el-Hallâj en 1922, thèse qui fût elle-même déposée en Sorbonne 1000 ans jour pour jour après la crucifixion de Hallâj à Bagdad en 922 ! De plus, son mentor spirituel, Charles de Foucauld, a été canonisé en mai dernier.Au-delà de ces potentiels « intersignes » auxquels ce savant et mystique était hautement sensible, les débats contemporains autour des relations entre Orient et Occident, islams et christianismes, hospitalité et « fermeture des frontières », rendent la pensée de Louis Massignon d’une brûlante actualité.
L’anthropologue Manoël Pénicaud (CNRS) viendra nous présenter son dernier ouvrage : Louis Massignon. Le « catholique musulman » (Bayard, 2020, Prix Lyautey 2021 et Mention spéciale du prix de L’Oeuvre d’Orient). Cette biographie renouvelée, dont le titre est tiré d’une formule de Pie XI, permet de traverser la vie de ce personnage hors du commun et oublié du grand public. Comment retracer l’itinéraire singulier de celui qui fut étudiant à Al-Azhar, militaire, professeur au Collège de France, expert diplomatique, militant pour la non-violence gandhienne, disciple de Foucauld et fondateur d’un pèlerinage islamo-chrétien en Bretagne ? Que peut nous dire aujourd’hui ce grand témoin et acteur du XXe siècle ? Avec Manoël Pénicaud, chargé de recherche au CNRS (Idemec, Aix-Marseille Université), biographe de Louis Massignon et commissaire d’expositions.
L’artiste Anna Graham jouera après la conférence plusieurs morceaux dont la Gwerz Ar Seiz Sant (la Complainte des Sept Saints). Il s’agit d’un morceau composé de 54 strophes qui raconte minutieusement l’histoire miraculeuse des sept saints d’Éphèse et décrit la construction miraculeuse d’une chapelle « sans chaux, sans argile, sans marteau ni secours d’aucun homme ». Louis Massignon y a vu un lien avec la sourate 18, Al Kahf (La Caverne) qui évoque également le miracle des Sept Dormants.
Artiste autodidacte, Anna Graham est chanteuse et compositrice. Bercée par la culture bretonne et plus largement celtique, attirée par les Arts sacrés, elle a mis au point un répertoire de cantiques bretons et de chansons traditionnelles interprétés à la guitare et la voix. Elle a publié deux albums et a récemment joué à l’Institut du monde arabe.